
Campagne féminine dans Charlevoix- Côte-de-Beaupré, esthétisme ou réelle volonté?
On a fait grand cas, dans différents médias, du fait que dans la circonscription de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, ce sont quatre femmes qui se présentent pour les quatre principaux partis. Je tiens ici à pousser plus loin la réflexion de la parité dans le monde politique.
Je crois que nos manières d’évaluer la parité devraient dépasser l’image esthétique du nombre de femmes se présentant en politique. Je tiens ici à rappeler qu’il n’y avait encore, jusqu’à très récemment, que 33 % de femmes à l’Assemblée nationale du Québec. Tout cela tend à changer, et c’est une très bonne chose, mais nous sommes encore en marche vers la parité, qui n’est pas tout à fait acquise.
Pour sa part, Québec solidaire exige la parité depuis longtemps, non seulement pour les candidatures, mais aussi dans toutes les instances internes du parti. Nationalement et dans chaque circonscription, Québec solidaire présente deux porte-paroles, un homme et une femme. C’est d’ailleurs une excellente façon d’offrir aux femmes l’occasion d’oser la politique.
Les autres partis, quant à eux, commencent à se soucier de la parité dans les candidatures. C’est une bonne chose qu’il y ait autant de candidates que de candidats, mais encore faut-il qu’elles soient parties prenantes des décisions, qu’elles soient présentes aussi dans des postes clés et non seulement des « poteaux » pour que les partis aient l’air d’être paritaires. Pour ma part, quand madame Foster, qui se présente pour la CAQ dans ma circonscription, affirme : « …et nous de notre côté, le chef a été clair : il veut la parité au conseil des ministres », je me questionne si ça provient d’une réelle volonté d’équité, ou bien d’une « game » politique? À la CAQ, c’est Legault qui décide, en roi et maître de son échiquier politique, qui sera candidat ou candidate. À Québec solidaire, notre vision de la démocratie implique qu’il y ait course à l’investiture et vote des membres pour le choix de leur représentant-e, et ce, dans chaque circonscription. Notre parité, elle naît de la base, et ne vient pas d’un chef qui nous l’ordonne pour aller chercher davantage le vote des femmes.
Enfin, la tendance de mes adversaires « femmes » à caricaturer les femmes politiciennes me fait sourciller, parce que dire qu’elles sont plus à l’écoute, plus douces, plus gentilles, plus ouvertes, plus humaines ou moins compétitives : c’est encore les figer dans un rôle stéréotypé. Mais au-delà de ces réflexions, une question essentielle demeure, encore plus révélatrice des valeurs des partis: quelles sont les conséquences des choix politiques de chacun de ces derniers SUR les femmes. Dans son ouvrage Les libéraux n’aiment pas les femmes, Aurélie Lanctôt nous démontre clairement que ce sont elles qui ont le plus fait les frais des mesures d’austérité du gouvernement libéral, principalement en raison des multiples coupures en santé et en éducation. De son côté, la CAQ promet de faire des coupes de 5000 postes dans la fonction publique, dont la majorité sont occupés par des femmes. À QS, que ce soit en éducation, dans les services de la petite enfance, dans le milieu de la santé ou du communautaire, notre préoccupation du bien-être des citoyennes, qu’elles soient mères, travailleuses et/ou aidantes naturelles, est authentique et se traduit par de véritables propositions politiques.
Jessica Crossan
Candidate de Québec Solidaire dans Charlevoix-Côte-de-Beaupré